Ségolène Royal et Jean-Luc Mélanchon soulignent leurs convergences
12 heures. Pour sa première visite au pays des communistes, Ségolène Royal provoque une belle cohue. Enfin surtout chez les journalistes. Les militants eux, regardent passer l'armée de caméra qui suit la candidate à la primaire socialiste, oscillant entre l'indifférence et quelques huées. Fendant une jungle de micro, Royal va à la rencontre de Pierre Laurent, le secrétaire national du Parti communiste, et de Jean-Luc Mélenchon.
Le candidat du Front de gauche s'était réjoui la veille de sa rencontre avec Ségolène Royal: «Chaque fois qu'il y en a un qui commence à résister, ça fait mon affaire.» Au PCF, on confirme que Mélenchon a fait pression pour la venue de la présidente de la région Poitou-Charentes, notamment pour éviter de laisser toute la lumière à Martine Aubry, qui doit faire le déplacement dans l'après-midi. Tous les candidats à la primaire ont reçu des invitations. «Comme je suis taquin, on regardera à la fin qui n'est pas là», s'amuse Mélenchon.
Ségolène Royal, en bonne invitée, n'est pas venue les mains vides. Elle arrive avec deux propositions de loi à porter avec le Front de gauche. «Il y a des convergences fortes entre nos programmes», assure-t-elle. Elle veut militer pour «l'interdiction des licenciements boursiers et la réforme des banques». Jean-Luc Mélenchon, tranquillement installé sous la tente Front de gauche aux côtés de Pierre Laurent, prend en photo, de son côté, la cohorte de journalistes. Lui qui agit à la Fête de l'Huma en terrain conquis se délecte de ce bal des candidats socialistes qui viennent à lui.
La rencontre s'achève, Ségolène Royal remonte dans sa voiture direction Rennes, non sans un dernier round devant les caméras. Place désormais à Martine Aubry, en début d'après midi.
12h30. Jean-Luc Mélenchon jubile après le départ de Ségolène Royal: «Pour nous le Front de gauche, le temps du mépris est fini à notre égard». Le leader du Front de gauche tire le bilan de sa rencontre avec la candidate à la primaire: «Elle a pris le programme et elle a commencé à dire par quoi elle était d'accord (...) On a quand même réussi à se dire deux-trois choses fortes en dix minutes».
Les propositions de Ségolène Royal ne l'ont d'ailleurs pas laissé insensible: «Elle a dit qu'elle était pour le contrôle financier et les licenciements boursiers. Au moins ce n'était pas un bla-bla de vote utile (...) Elle commence à parler notre langue». Jamais avare d'un bon taquet à ses anciens amis socialistes, Jean-Luc Mélenchon distribue les bons et surtout les mauvais points après le débat sur la primaire : «Au moins, elle n'est pas dans l'arrogance comme on a vu jeudi soir avec Hollande qui se voit déjà président.» Il interpelle ainsi tous ses adversaires : «Vous allez arrêter votre nombrilisme!»
N'oubliant pas qu'il est à la Fête de l'Huma, il conclut en chanson, dénonçant «la petite musique de la résignation» des socialistes. «Et nous voilà... ce sera la trompette de combat!»
Source : Nicolas Chapuis et Lilian Alemagna, dans Libération, 17/09/2011 : http://www.liberation.fr/politiques/01012360463-a-la-fete-de-l-huma-concerts-barbecue-et-election-presidentielle