Interview de Ségolène Royal pour 20 Minutes

Publié le par Moselle d'avenir

Ségolène Royal: «Si j'avais été à la tête du parti, je l'aurais dirigé autrement»
Ségolène Royal répond aux questions des journalistes de 20minutes.fr, à Paris, le 18 novembre 2009.
Ségolène Royal répond aux questions des journalistes de 20minutes.fr, à Paris, le 18 novembre 2009./© SERGE POUZET / 20 MINUTES

 


Vous avez décidé mardi de confier la direction de votre courant Espoir à gauche à Jean-Louis Bianco, Najat Belkacem et Gaëtan Gorce pour «apaiser» la situation... On est loin d'un apaisement ce mercredi...


Propos recueillis par Catherine Fournier et Charlotte Mannevy .


Il y a une réaction totalement disproportionnée et isolée de Vincent Peillon. Je ne veux pas que le courant que j’anime et qui m’a portée soit géré de façon archaïque et pour m'éliminer. Pour moi, un courant ce n’est pas un enjeu de pouvoir, c’est un lieu fraternel où on travaille. J’ai le devoir de remettre de la sérénité et de la démocratie. J’ai donc confié l’organisation du mouvement à Jean-Louis Bianco et à tous ceux qui le veulent.

En écartant Vincent Peillon?

Pas du tout. Tout le monde sera invité. Vous savez, ce ne sont pas des moments agréables. En politique, il y a des agressions verbales et des manques de loyauté qu’on ne peut pas accepter.

>> Vous avez interviewé Ségolène Royal, retrouvez ses réponses ici


62% des Français estiment que le Parti socialiste ne va «ni mieux ni moins bien» qu’il y a un an, après le Congrès de Reims. Est-ce que vous prenez votre part de responsabilité dans cette situation?

Non, je ne suis pas à la direction du parti. Il y en a aujourd’hui une qui a la responsabilité de rénover et de faire avancer le projet. Moi, je suis une militante parmi d’autres et je suis présidente de région. C’est vrai que si j’avais été à la tête du parti, je l’aurai dirigé autrement. J’aurais rénové sans tarder, le dispositif des primaires serait déjà mis en application et j’aurais ouvert le parti à des adhérents à très bas prix.

C'est pour cela que vous avez refusé d’intégrer la direction du parti, comme vous l'a proposé Martine Aubry?

La où je suis, je suis efficace à ma façon. Chaque fois que le PS a besoin de moi, je suis là. Ce n'est pas la peine d’accepter des choses artificielles.

Les socialistes se plaignent souvent que l'on ne parle que des querelles internes. Quelles sont les propositions politiques que vous entendez porter au sein du parti?

J’ai fait beaucoup de choses en région Poitou-Charentes qui ont été déclinées sur le plan national, et d’autres qui pourraient l’être. J’ai conditionné les aides aux entreprises à l’interdiction de délocaliser et de licencier lorsque les entreprises font des bénéfices. Toutes les entreprises qui ont des aides de la région ont signé cet engagement. Dans le domaine de l’écologie, nous avons créé le crédit gratuit énergie verte, l'interdiction des OGM, le véhicule électrique, le train roulant avec du biocarburant, les filières de construction bois, le premier lycée d'Europe entièrement énergies renouvelables.

Vous vous êtes pourtant prononcée contre la taxe carbone...

La croissance verte est un levier positif, ça ne doit pas être une voie d’action punitive. C’est dans le domaine de l'écologie qu’il y a le plus de création d’entreprises.

Les Verts ont décidé de faire cavaliers au 1er tour des régionales en Poitou-Charentes. Un coup dur?

J’aurais préféré des listes communes. Les gens ne comprennent pas qu’on ait été ensemble en 2004, qu’on ait fait tout ce travail et que l’on parte de façon séparée pour 2010.

Et avec le MoDem?

Je prône un rassemblement, j’ai toujours pensé qu’il y a de bonnes idées à prendre dans tous les mouvements qui veulent une alternance. Il faut respecter les identités de chacun mais organiser les convergences.

Vous entendez participer aux primaires du PS pour 2012. Mais vous y mettez des conditions?

Si les règles sont claires et transparentes, il y a aucune raison de remettre en cause ces bonnes intentions. C’est un élément clé de la rénovation du parti parce qu’il reprendra pied dans la société au lieu de se renfermer sur une base militante de plus en plus restreinte.

Vous évoquez les moyens de rénover le parti mais sans vraiment y prendre part. Pourquoi êtes-vous toujours en marge?

Peut-être parce que je suis en avance sur certains sujets. Certaines choses que j’ai dites ont été au départ contestées, notamment lorsque j’ai dit qu'il ne fallait pas laisser la nation et le drapeau tricolore à la droite. Maintenant, le Parti socialiste reconnaît que c'est un des éléments à reconquérir dans le débat.

Etes-vous candidate pour 2012?

Je n'en suis pas là. Je vois que l'on me désigne comme présidentiable mais c’est à moi de maîtriser le calendrier. Je n'ai fait aucune déclaration de candidature pour l’instant.
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