L'inefficacité et l'injustice décomplexées ou la réalité de la droite au pouvoir

Publié le par Moselle d'avenir

Après une première semaine sociale agitée, encouragée par le gouverment, la prochaine ne s'annonce pas moins intense, bien au contraire. Six fédérations syndicales ont effectivement appelé à la reconduction de la grève pour demain. Mardi 20 novembre, ce sera au tour des fonctionnaires de manifester avec pour principaux mots d'ordre (rejoignant ainsi la grande majorité des Français) la revalorisation de leur pouvoir d'achat et la lutte contre les suppressions de postes aveugles prévues par le gouverment.

Plus que les enjeux des réformes concernées par la grogne sociale, plus que la question de la méthode utilisée par le gouvernement, cette semaine a illustré à bien d'autres égards, l'héritage des cinq années piteuses de droite que nous venons de connaitre et les risques avérés que ces directions calamiteuses se poursuivent, voire s'amplifient au cours des cinq prochaines années.

Compte tenu de la mobilisation sociale, ces deux nouvelles sont passés trop inaperçues. Elles y trouvent pourtant un écho particulièrement puissant, même si tous les Français, in fine, sont concernés.


La mort du CNE ou l'exemple typique de l'incompétence économique totale de la droite française

Dominique de Villepin, présenté pour des questions de stricte rivalité personnelle comme un "opposant" à Nicolas Sarkozy n'en est en réalité à bien des égards que le précurseur. En matière de méconnaissances économiques et sociales par exemple. On nous expliquait alors que le meilleur moyen de lutter contre le chômage était de flexibiliser et encore flexibiliser sans cesse le marché du travail, afin de le rendre favorable aux patrons et ceci au détriment évidemment du salarié.
 

CPE---PS.JPGLe CNE - Contrat Nouvelle Embauche - (promulgué par ordonnance en août 2005) allait même jusqu'à proposer pour les entreprises de moins de 20 salariés (soit plus de 95% des entreprises françaises) que les patrons puissent se séparer pendant deux ans (période dite de "consolidation"), et ceci sans aucun motif, de l'un de leurs salariés. Les conditions de licenciement (préavis et autres modalités) étaient simplifiés à tel point que le salarié était littéralement "jetable" du jour au lendemain. Par ailleurs, l'indemnité obtenue par le salarié en cas de rupture de contrat était même inférieure à celle que celui-ci percevait s'il était embauché en tant qu'intérimaire. Contrairement à la fantasmagorie créée lors de la campagne, la droite "décomplexée" a déjà pleinement et entièrement montré son visage à cette occasion.

Tellement content de sa magnifique trouvaille, le gouvernement de l'époque avait même décidé d'étendre ce dispositif aux jeunes. Le CPE (Contrat Première Embauche), réservé aux jeunes était créé et en termes de modalités une copie conforme du CNE. La mobilisation des parlementaires socialistes et plus largement de la population française a permis de faire reculer le gouvernement qui essayait pourtant de passer en force (recours au 49-3…). Pourtant, que ne nous a-t-on pas expliqué à l’époque ! Que la France devrait au moins l’ « expérimenter », qu’elle était le dernier « bastion soviétique sur Terre », qu’il fallait de toutes façons « casser le Code du travail » (Christine Lagarde) et surtout, argument censé « imparable » de l’UMPiste de base, que « tous les pays l’ont fait sauf nous ».

Or, que vient de dire l’OIT (Organisation Internationale du Travail) le 14 novembre dernier ? Cette organisation (connue pour ses appels réguliers au Grand Soir) qui est censée édicter des règles CPE.JPGde droit travail minimales pour tous les Etats parties, vient de censurer très nettement l’existence-même du CNE (et par ricochet, de toute expérimentation de type CPE). La convention n°158 de l’Organisation, ratifiée par la France, prévoit effectivement que tout licenciement soit dûment motivé et que la période d’essai de deux années n’est pas objectivement raisonnable. Autrement dit, les arguments répétés depuis la promulgation de cette loi par l’ensemble des socialiste et toutes les personnes sensées de ce pays.

 

Comment ne pas être consterné à rebours par l’autisme total de la majorité UMP alors que le gouvernement avait tenu pendant des mois face à un projet que même des règles extrêmement minimalistes de protection du salarié acceptées par plus de 180 Etats condamnent ?

 

 

Depuis 2002, les inégalités sont reparties à la hausse : la condamnation sans appel de la stratégie du gouvernement

 

La dernière publication du Portrait social de la France par l’INSEE a donné lieu à un concert d’auto-satisfaction absolument invraisemblable de la part du gouvernement. La Ministre Christine Lagarde n’a même pas hésité à se féliciter de la baisse du chômage (8,4% tout de même) alors que cela ne représente ni plus ni moins qu’une légère hausse par rapport à son niveau au départ du gouvernement Jospin (qui l’avait effectivement fait baisser de plus de 4 points entre 1997 et 2002) !
 

Pourtant, ce Portrait social révèle une vérité criante et terrifiante, quPortefeuille.JPGe de la même façon, les parlementaires socialistes avaient bien mis en avant. L’INSEE établit clairement que « depuis 2002 » et pour la première fois depuis les années 1970, le mouvement de réduction des inégalités de niveau de vie et de pauvreté s’essouffle.

L’INSEE continue en montrant qu’entre 1997 et 2007, le patrimoine des 10 % les plus riches a progressé de 40 %, alors qu’il a stagné, voire diminué pour les 10 % les plus modestes. L’INSEE a recensé l’apparition de 260 000 "nouveaux pauvres", de la même manière un chiffre accablant, tandis que 7,1 millions de Français peuvent en tout être considérés comme tels. 

En ce qui concerne les revenus d’activité, les choix fiscaux opérés ont abouti à ce que, selon l’INSEE, « la baisse globale du poids des prélèvements, en particulier de l'impôt sur le revenu, a profité davantage aux plus aisés », alors que les prestations, qui bénéficient aux ménages les plus modestes, « en revanche ont peu évolué ».

 

 

Tout cela sonne comme un réquisitoire implacable contre la politique menée par le gouvernement actuel, qui n’est que l’amplification du désastre du deuxième mandat de Jacques Chirac. Alors que les inégalités de patrimoine et de revenus sont exacerbées, que le nivellement vers le bas est plus puissant que jamais, le gouvernement n’a pas hésité à faire voter dans l’urgence, en juillet dernier, des cadeaux fiscaux d’un montant total de 15 milliards € et notamment le « bouclier fiscal » distribuant près de 200 millions € (soit le gain supposé l’année prochaine de la réforme des régimes spéciaux) à 2400 contribuables ! C’est ce même gouvernement qui va mettre en place la franchise médicale (50 Euros par malade, même au SMIC !), bientôt la franchise judiciaire (pour les plus modestes bénéficiant de l’aide juridictionnelle) ou qui invoque l’ « équité » face aux « privilégiés » que seraient les cheminots et autres traminots.


Le gouvernement ne peut pas sans cesse opposer démocratie politique et sociale. L’élection du Président de la République le 6 mai dernier n’est pas une onction qui le rend intouchable. Le combat contre le CNE et le CPE ont montré à quel point au contraire la vigilance politique et citoyenne, la mobilisation de l’opposition et des acteurs sociaux ont porté leurs fruits… et à quel point ils étaient (à tous les sens du terme) dans leur bon droit.

 

Surtout, le gouvernement ne peut pas se prévaloir de cette légitimité sans cesse invoquée quand l’observation scientifique, presque clinique du pays qu’il dirige, montre à quel point les choix opérés vont désespérément dans le sens contraire de l’intérêt général. En ce début de semaine sociale, nous devons en tout cas nous rappeler de cette victoire et de ce constat, tous deux des condamnations vigoureuses de la politique menée actuellement.

Publié dans Points de vue citoyens

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