Marché, individualisme, assistanat et nation Française

Publié le par Moselle d'avenir

Je poursuis ici la retranscription des débâts ayant eu lieu lors de la précédente réunion du comité. Après une réflexion sur le marché, c'est sur l'individualisme, le concept d'assistanat et donc sur une certaine idée de la nation Française que s'est porté le débât.


          Concernant l'individualisme et le concept d'assistanat, Ségolène renchérit constamment et, par ce biais, entre dans le cadre de la pensée unique du moment en validant les orientations politiques de la Droite. 

          Bien sûr, il faut que chaque individu puisse s'épanouir puisque le bonheur et le bien-être est bien l'objectif final de toute politique. Simplement, pour faire progresser ce bonheur et pour faire s'étendre ce bien-être, il faut que l'action collective prime et surtout, la Gauche l'a souvent oublié ou perdu de vue, il faut en finir avec le clientélisme. Il faut que l'intérêt général prime. Je suis convaincu qu'une société dans laquelle on érigerait l'individualisme en modèle, comme c'est déjà le cas dans plusieurs autres pays que je ne citerai pas, serait une société d'indifférence au mieux, de renfermement sur soi ou au sein de communautés de semblables, d'incompréhension et de violence au pire. Ce serait une société dans laquelle la famille nationale ne pourrait pas exister et se déliterait jusqu'à disparaître totalement car la solidarité n'aurait plus lieu d'être. Une société où l'individualisme règne est, selon moi, incompatible avec le concept de nation française.

          Le problème lié à l'utilisation du concept d'assistanat est du même tenant. En effet, en dénonçant sans cesse l'assistanat, Ségolène valide l'idée selon laquelle une majorité de nos concitoyens dans le besoin, ne pouvant pas payer le loyer de leur logement, les études de leurs enfants, les soins médicaux de leurs parents, leurs transports ou même leurs vêtements et leur nourriture, seraient des assistés et que ce serait mal. Je pense que les situations que ces personnes vivent sont déjà assez dégradantes et humiliantes pour ne pas les accabler davantage en les accusant, indirectement, de profiter du système, d'être des fainéants, de voler le « pauvre contribuable ». Non, aider les gens dans le besoin, gratuitement, ce n'est pas de l'assistanat, c'est le droit et le devoir qui cimente notre nation, les Français. En effet, j'ai la ferme conviction que notre nation Française ne peut exister sans cette solidarité, sans cette entraide, j'insiste : gratuite. Car au travers du temps et de l'Histoire, on voit bien que ce n'est ni le droit du sang ni le droit du sol qui nous a fait Français, c'est le droit de solidarité. On est Français parce qu'on est solidaire les uns des autres dans les bons moments comme dans les mauvaises passes tout au long de la vie et au travers des âges. Ce sont ces multiples solidarités qui ont fait la pérennité de notre pays, son unité précoce et sa solidité à toute épreuve : guerres, occupations, sièges, mouvement sociaux, grèves. La solidarité c'est l'unité et l'unité c'est la victoire. Or renchérir sur l'assistanat, c'est fissurer volontairement cette solidarité en lui donnant une connotation méprisante et négative, c'est fissurer le lien entre les citoyens et donc saper les bases de la nation Française tout entière !

          Cette pensée unique telle que je la perçois, nous fait même oublier que stratégiquement, le plus sûr atout de la victoire prochaine de la Gauche, c'est la reconquête culturelle, la reconquête des esprits, car le but du combat politique est bien de créer le mouvement et non de le suivre. Or cette reconquête ne peut s'effectuer qu'à la condition sine qua non de proposer un projet de société, une vision de la France, radicalement différent de celle que la Droite au pouvoir, libérale économiquement, conservatrice dans les mœurs et autoritaire sur la forme, met en œuvre depuis maintenant 5 années. S'aligner sur des valeurs qui, il faut le rappeler même si ça peut heurter, sont de droite, accepter le cadre du marché comme étant indépassable, l'individualisme comme objectif, le concept de l'assistanat, c'est valider les modes de pensées, les raisonnements et, en définitive, les valeurs de la Droite. C'est donner raison à l'adversaire et, tout bon stratège vous le dira, on ne bat personne si on est persuadé qu'elle a raison. Si la Gauche valide ces modes de pensées, alors oui, Sarkozy et sa clique auront gagné, il n'y aura plus qu'un mode de pensée en France. Après le partie unique, le Président unique, il aura réussi le tour de force d'installer sa pensée unique. Cela me fait peur...


Alors, acceptez-vous le marché ? Acceptez-vous la pensée unique ? Acceptez-vous d'être des esclaves consentants ? Acceptez-vous l'inégalité comme aussi naturelle que l'air que vous respirez et que l'eau que vous buvez ? Parce que concrètement, c'est tout cela que veut dire « accepter le marché » et reconnaître « l'individualisme » et l'"assistanat" comme étant "naturels".

Thomas

Publié dans Points de vue citoyens

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A
Merci John-G pour ta réponse. Rien de plus à dire.<br /> Si pour les gens de l'extèrieur il y a peut-être une mauvaise compréhension de sa communication (je parle de ségolène). Quand elle demande la mise en place des droits et des devoirs, quand elle exige la dignité plutôt que la reconnaissance de l'assistanat, ça peut être mal perçu. Mais je crois qu'elle part du principe du respect de l'être humain. Et pour que celui-ci soit debout il faut lui donner les moyens de reconnaitre sa dignité en étant en même temps exigeant avec lui. C'est du donnant-donnant.<br /> Message posté par un assisté qui voudrait une ouverture pour réintégrer la société.<br /> <br /> Amitié socialo-ségolèniste
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J
Cher Asse42, <br /> <br /> la discussion est toujours enrichissante, surtout avec toi ! <br /> <br /> Sans trahir Thomas et sans parler à sa place, je crois pouvoir te dire qu'il est précisément venu au PS à cause ou grâce à S. Royal et qu'il ne peut pas être taxé d'anti-ségolénisme primaire ! Simplement, Thomas a quelques divergences de vue avec Ségolène sur la manière dont elle a formulé certains éléments de son discours à Melle. Pour ma part, je me suis exprimé également et je n'ai pas exactement le même point de vue que Thomas (cf l'article sur le discours de Melle ou encore celui sur Valls/Autain). <br /> <br /> - Sur le marché, je ne crois pas comme Thomas que le marché soit "naturel". Tu me diras que ce sont des pinailleries philosophiques mais qui me paraissent importantes. Dire que le marché naturel signifierait que celui-ci s'est imposé naturellement, qu'il est constitutif de la nature des échanges entre hommes. Ce que je ne crois pas puisque le marché est une construction humaine, un choix que les différents systèmes politiques ont fait et qui organise de ce fait les échanges entre hommes. <br /> <br /> Pour ma part, la différence peut-être avec Thomas (et je ne suis pas sûr encore que ce soit vrai) résulte dans le fait que je crois aujourd'hui que nous n'avons pas de meilleur système (pour organiser la production en tout cas) à proposer en échange de celui-ci. Ségolène Royal a donc tout fait raison lorsqu'elle demande que les socialistes assument de réfléchir dans ce cadre. <br /> <br /> - sur l'individu, je l'ai écrit dans le compte-rendu de la réunion également, Ségolène Royal a on ne peut plus raison lorsqu'elle proclame que le socialisme doit s'intéresser à nouveau à l'émancipation de l'individu. C'est cela que permet notamment l'école et la méritocratie, qui sont tout de même les fondements du socialisme français ! Et je suis entièrement d'accord avec les exemples et la philosophie que tu développes ;<br /> <br /> - sur l'assistanat, Ségolène Royal écrit dans Maintenant "Etre de gauche ne 2007 c'est refuser l'assistanat qui humilie et considérer que le pouvoir de maîtriser sa vie ne doit pas être le privilège de quelques-uns mais un droit garanti à chacun". De fait, une assistance trop mécanique qui ne serait pas assez indivualisée, qui ne se donnerait pas les moyens de réinsérer l'individu voire qui le désinciterait au travail n'est pas tenable. Et de cette façon, S. Royal a eu plus que raison de développer cette thématique. En revanche, il est évident que cette rhétorique de l'assistanat a de fait accrédité ce que Sarkozy disait de la gauche sans que cette dernière en profite. Il faut donc réfléchir à la manière dont la gauche peut aborder ce sujet, sans se mettre des oeillères mais différemment de la droite.
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A
John-G<br /> <br /> Je suis entièrement d'accord que nous devons débattre pour approfondir nos réflexions. Mais je trouve la teneur orienté contre ségolène Royal qui se serait laissé enfermer dans la pensée unique et ainsi, en filigrane, aurait fait perdre les valeurs de gauche. Il me semble que cet article a été fait, comme le précédent d'ailleurs où Thomas ne m'a pas répondu, sur l'anti-ségolènisme. Alors bien sûr on peut échanger mais je ne suis pas sûr que Thomas soit représentatif de la pensée ségoléniste du socialisme. Je m'explique:<br /> <br /> - Sur l'individualisme dans la société. Il fait la critique que ségolène a trop insisté sur ce constat, pourtant c'est un fait. Il nous demande de renoncer à ce constat et de nous noyer dans le collectif. Je luis dis clairement non. Et je le dis en m'appuyant sur la pensée de Jaurés qui disait que "l'individu est source de toute chose", n'est-ce pas? Ceci pour dire qu'il ne faut pas nier l'aspiration de l'individu à choisir librement sa vie. IL en à marre de certaines contraintes qu'il considére comme collectivistes et donc niant sa singularité. Alors qu'à voulu faire comprendre ségolène?<br /> Elle veut montrer que la réussite individuelle doit exister dans un socle collectif. Non un socle qui contraint mais un socle qui encourage, qui incite, qui insuffle les cercles vertueux en donnant à chacun les moyens de réussir sa vie. Pour cela il ne s'agit pas de faire de l'égalitarisme masi de permettre à tout un chacun, d'où qu'il vienne, de bénéficier de conditions lui permettant d'accéder à sa réussite. Et comme elle dit "tout se tient", tout part donc de la petite enfance puis des familles, de l'éducation, puis du métier. Je ne développerai pas ici toutes les mesures en découlant dans le pacte. Mais elles avaient toutes un même but: donner à chaque individu la possibilité de réussir sa vie.<br /> <br /> - Sur le marché j'ai répondu dans l'article précédent. Il est évident que le marché est aussi présent que l'air que l'on respire mais, tout comme l'air peut être pollué, il a besoin d'être surveillé et régulé. C'est ce qu'on appelle l'ordre juste dans les régles du marché. L'ordre juste qui consisterait, par exemple, à exiger des entreprises qu'elles signent un contrat citoyen en échanges de prestations publiques. <br /> Donc sa vision du marché n'est pas "droitière" c'est seulement le constat qu'il existe. Si Thomas me propose une autre vision de l'économie qui soit crédible je suis prés à en discuter. Tout en sachant que nous sommes aussi pour le développement d'une économie sociale et solidaire respectueuse de l'environnement.<br /> <br /> - Enfin l'assistanat. Ségolène a dénoncé pendant toute sa campagne le fait que la gauche soit associée à l'assistanat comme la droite voulait l'y enfermer. Pourquoi? Non pas pour renier la nécessaire solidarité envers les plus faibles mais pour leur laisser espérer en la dignité par l'instauration du donnant-donnant et des droits et devoirs. C'est-à dire que plutôt que de proposer des indemnités aux personnes en difficulté, on les met en contact avec des organismes de formation ou dans les ateliers d'économie solidaire qui seraient modernisés puisque voués à représenter une nouvelle économie viable et dynamique diffuseur du marché équitable. Donc plutôt que d'"assister" on préfèrera encourager et accompagner.<br /> De plus on pense que c'est la droite par la précarisation croissante du travail qui améne une grande part de ses concitoyens à s'assister, ne trouvant plus leur place dans une économie demandant d'être performante, dynamique et rentable avec de faibles rémunérations.<br /> <br /> Voilà donc pour finir je dirai que je n'ai pas aimé le parti pris de Thomas sur ce blog. Cette critique exclusive de la vision de ségolène comme étant la cause de la perte des repères de la gauche. Au contraire, par son refus de placer la gauche dans ses dogmes, refus de l'assistanat, refus du collectivisme à tout crin, refus de nier le marché, ségolène a commencé à participer à la refondation idéologique du PS qui doit devenir un parti ouvert sur la société, vive la démocratie participative.<br /> J'adresse quand même mes amitiés sur ce blog mais je n'aimerais pas que thomas devienne la tête pensante du ségolènisme de Moselle!<br /> Ceci dit cordialement.
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J
@ Asse42, <br /> <br /> attention cher ami, ce blog n'a pas pour ambition de se transformer en secte et notre objectif reste de soutenir la démarche et les idées de Ségolène Royal (cf le compte-rendu de notre dernière réunion) mais avec du recul, de l'esprit critique. Je pense que les pires ennemis de Ségolène sont ses faux amis, c'est-à-dire ceux qui sont incapables d'être critiques par rapport à ce qu'elle avance ou dit. <br /> <br /> Et je sais, cher Asse42, que tu n'en fais pas partie. Tu sais que nous sommes prêts à la défendre quand elle est injustement attaquée mais aussi à lui dire ce que nous pensons réellement, de la campagne, de certaines pistes de réflexion. <br /> <br /> Et par ailleurs, nous n'avons pas choisi de soutenir Laurent Fabius lors de l'investiture et tu le sais.<br /> <br /> Ensuite, sur le fond du problème, nous en avions discuté mais je suis en grande partie d'accord avec Thomas. Le martèlement du thème "assistanat" durant la campagne ne nous a pas servis. Les Français, à tort évidemment, auront l'impression que la droite est toujours plus "efficace" dans ce domaine que la gauche. Et en outre, il est vrai que cela stigmatise indument certaines personnes quand on connait l'ampleur de la fraude fiscale par exemple, d'une ampleur bien supérieure. <br /> <br /> En revanche, il est évident que nous devons repenser notre modèle social et les mécanismes de solidarité qui en découlent. On ne peut pas dire que le fonctionnement du RMI soit aujourd'hui exemplaire. Il y a même une forme de vraie faillite (pour le coup) de la dimension insertion professionnelle. Et les désintications au travail existent bel et bien compte tenu d'un système fiscal abscons. Donc Ségolène Royal a vu juste sur ce point. Elle a raison aussi lorsqu'elle déclare dans Maintenant que l'"assistanat humilie" et que le rôle de la gauche est d'émanciper chacun par le travail. <br /> <br /> Donc Asse42, définitivement, je pense que le débat peut s'engager sereinement. Il s'agit simplement de se rendre compte de ce qu'a été cette campagne électorale également, de ce que sont les valeurs de la gauche. Et si le refus de la dépendance des individus à l'assistance doit être engagé, la solidarité entre tous doit rester notre leitmotiv.
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A
J'aimerais que ce site se renomme le site de laurent Fabius d'avenir au moins ce serait plus clair.
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